Systémique de la Complexité
Au sein de la galaxie des théories centrées système, la Systémique de la Complexité (Le Moigne, Morin) - ou SC - a pour objet l’étude qualitative des systèmes complexes, systèmes pouvant être de nature quelconque (physique, biologique ou social). Contrairement aux méthodes classiques dites cartésiennes ou analytiques, elle ne vise pas à prédire (calculer) l’évolution d’un système complexe, mais plutôt à le rendre intelligible.
Il est fréquent de confondre système compliqué et système complexe. Souvent, cette confusion est provoquée par un même grand nombre d’éléments qui composent les deux types de systèmes et par la difficulté à comprendre les interactions se produisant entre leurs éléments. De plus, dans les deux cas, le terme système signifie une représentation ou pré-représentation du phénomène à étudier. Cependant, il existe une différence de nature entre ces deux catégories de systèmes : un système compliqué peut être adroitement simplifié afin d’être en mesure d’effectuer un calcul particulier, alors qu’un système complexe ne peut se réduire par quelque manipulation que ce soit à un système compliqué sous peine de perdre l’intelligibilité du phénomène étudié.
Une des conséquences du paradigme SC est que le systémicien propose un modèle possible du système complexe et non une fonction mathématique définitive. Ce modèle possible reflète le projet du modélisateur et précise à la fois les limites du projet et du modèle. Comme il s’agit d’un possible, il n’y a pas isomorphisme entre un système complexe et un modèle supposé le représenter : plusieurs modèles complémentaires peuvent coexister dans la représentation (ou construction) d’un système complexe.
Nous avons identifié deux types d’approches pouvant être utilisées par un observateur pour étudier un système complexe : l’approche équationnelle et l’approche structurale. Le choix de l’une ou de l’autre sera essentiellement guidé par l’objectif à atteindre : calculer ou comprendre. Les caractéristiques de ces deux démarches peuvent s’énoncer de la manière suivante :
Approche équationnelle
- elle ne tient pas compte de la composition interne des éléments du système ;
- la composition interne d’un élément n’est pas considérée comme source de complexité du système : la constitution d’un élément (architecture interne, composants) est transparente pour l’observateur ;
- les éléments sont nombreux et indiscernables : ils sont considérés comme des particules ;
- elle utilise des formalismes mathématiques puissants ;
- elle favorise l’obtention de résultats quantitatifs.
Approche structurale
- elle tient compte de la composition interne des éléments du système ;
- les éléments sont peu nombreux ;
- l’architecture interne de l’élément est considérée comme une source de complexité du système ;
- elle s’accommode de la présence d’éléments hétérogènes ;
- elle s’appuie sur les théories systémiques ;
- elle favorise l’obtention de résultats qualitatifs.
Les disciplines informatiques adoptent essentiellement l’approche équationnelle pour modéliser les systèmes complexes. De par les problématiques étudiées, le choix de l’équipe ARAL s’est porté sur l’approche structurale. Celle-ci a été utilisée pour étudier l’autonomie artificielle et pour définir une architecture générale d’agent logiciel orientée propriétés (le modèle Systémion).
Retour aux thèmes de recherche de l'équipe ARAL